Par Didier SAMSON
Pour comprendre l’histoire et les animosités qui secouent le Proche-Orient, il faut bien remonter au Moyen-âge. La religion est aujourd’hui brandit pour souffler sur les braises mais entre Juifs et Musulmans la question de fond est celle de l’occupation des sols.
Dans l’histoire très ancienne, quelque 800 ans avant Jésus-Christ de petits royaumes se partageaient un grand espace, la Mésopotamie « entre deux fleuves » en Grec, le Tigre et l’Euphrate. Aujourd’hui on parle de Proche-Orient, de l’Irak actuel englobant au passage la Syrie, le Liban, la Jordanie et la Palestine. Ces deux grands fleuves prennent leur source dans les hauteurs de la Turquie actuelle. Dans ce grand espace un royaume a connu ses heures de gloire, Babylone et qui a trouvé, en face, à qui parler : l’Egypte et la toute-puissance de sa civilisation.
Tout est en place pour des guerres d’hégémonie et de partage de terre sur fond de croyance. En Judée, autour de -540, un petit peuple chassé est autorisé à faire son retour à Jérusalem par les Perses vainqueurs de Babylone. Les membres de ce petit peuple s’occupent à construire un temple en la mémoire du Roi Salomon et à l’écriture de la Torah. Le livre fondateur de leur croyance. Le livre que Yahvé aurait inspiré. Et, une histoire complexe va les accompagner depuis l’antiquité à nos jours.
Pour ce peuple les choses sont claires. Il croit en seul Dieu.
Il se met donc à contre-courant des croyances bien répandues en plusieurs Dieux et qui régissait le quotidien des populations. Cette conviction engendre chez ce peuple une logique de pratique qui va tout bouleverser. Dans la Torah, le livre qui raconte l’histoire d’Abraham, Dieu lui aurait promis une nombreuse descendance et une terre. « Et Je donnerai à toi et à ta postérité la terre de tes pérégrinations, toute la terre de Canaan, comme possession indéfinie. (Genèse 17:8) Canaan se situe dans l’actuelle Palestine. Et toujours dans l’histoire empruntée à la religion, Jacob aurait reçu de Dieu le surnom Israël qui veut dire en Hébreu, « combattant avec Dieu ». Par extension sa descendance est devenue « enfants de Israël » puis peuple d’Israël. Cette histoire est scellée par le retour de Moïse d’Egypte avec « le peuple d’Israël » en Palestine lorsqu’il reçoit sur le mont Sinaï la Table des Lois. C’est aussi le retour en terre promise. Pour les Hébreux, appelés plus tard Juifs.
En Europe, l’ambitieux Alexandre le Grand de Macédoine avait entrepris de conquérir le monde
Il décède en -323 et toutes ses conquêtes sont morcelées en petits territoires et royaumes. La Mésopotamie se redessine au gré des intérêts nouveaux. En l’an -164, les Juifs reprennent le contrôle d’une Judée indépendante. Pour eux le premier temple du roi Salomon construit à Jérusalem et détruit symbolise la résistance des Juifs. Mais de -27 jusqu’à 476 après Jésus-Christ c’est l’empire Romain qui règne sur une grande partie du monde : de l’Afrique Nord à la Mésopotamie en passant par l’Europe. Les Romains font la guerre à tout le monde et écrasent tout sur leur chemin pour imposer leur règne. Ils assiègent Jérusalem, détruisent tout ne laissant qu’un mur : c’est aujourd’hui le Mur des Lamentations.
Prières au Mur des Lamentations à Jérusalem
Site de prières pour les Juifs. Les frontières entre petits royaumes et empires sont en perpétuels mouvements. Les lignes bougent au gré des guerres et alliances. Le Christianisme entretemps a pris corps et est profondément ancré sous l’injonction guerrière de l’empire romain.
Jérusalem est devenue aussi un lieu de pèlerinage pour les chrétiens qui lui associent mort et résurrection du Christ. Au 7e siècle après J-C, l’Islam nait. Les Arabes sont à Jérusalem et y construisent le Dôme du Rocher. C’est aussi le lieu d’ascension du prophète Mahomet. Judaïsme, Christianisme et Islam sont liés à Jérusalem, la ville sainte des 3 religions monothéistes.
Les Arabes conquérants ont aussi implanté leur hégémonie. Les Juifs émigrent vers les pays du pourtour méditerranéen et surtout en Andalousie en Espagne et progressivement dans d’autres régions européennes. Dans la confrontation entre Chrétiens et Musulmans ils apparaissent comme intermédiaires commerçants. Les Européens les considéraient surtout comme peuple témoin des temps antérieurs à Jésus-Christ. Toute l’Europe occidentale connait progressivement l’implantation de fortes communautés de religion judaïque. Mais encore une fois, après plusieurs siècles la force change de main. Au 11e siècle les Turcs sont dominants. La route de Jérusalem est coupée. Puis, sous l’égide du Vatican les Chrétiens mènent des expéditions armées pour libérer Jérusalem des autres religions. La visite du Saint-Sépulcre faisait partie des incontournables pèlerinages pour les Chrétiens.
Au 14e l’histoire le destin des communautés juives va prendre un nouveau tournant.
L’Europe est malade. Gravement malade. La peste noire décime les populations. Une rumeur circule, s’enracine et désigne les pratiquants du judaïsme comme responsables. Ils seraient à la base d’un vaste complot en empoisonnant les puits. Montrés du doigt, indésirables en Europe occidentale, l’empire Ottoman leur offre sa protection et un autre grand ensemble, Pologne-Lituanie les accueille. Cette sorte de fédération du 16e siècle au 18e siècle a enregistré la plus forte communauté de juifs dans le monde. Plus de 300 000 personnes. Mais l’éclatement de cette fédération allait marquer une nouvelle répartition de cette communauté dans plusieurs Etats notamment dans l’Empire de Russie qui comptait plus de 800 000 personnes de religion juive. Mais les stigmatisations liées à l’histoire et aux persécutions appelées Progrom font partir par vagues entières des Juifs de d’Europe de l’Est vers le nouveau monde. Le rêve américain a fonctionné. Les ressortissants de cette communauté se sont lancés dans la finance et les affaires ont prospéré.
De l’autre côté de l’Atlantique, l’Europe est rattrapée par ses vieux démons. Les guerres. En 1914, c’est la première guerre mondiale. L’Allemagne et l’Empire Ottoman associés font mal. Les alliés européens sont en difficultés. C’est alors que le Premier ministre Anglais, Arthur Balfour, en 1917, se fend d’une lettre ouverte adressée à la forte et riche communauté juive implantée aux Etats-Unis. Il en appelle à leurs banques et leur promet en retour la création d’un foyer national juif. Parallèlement les autres alliés européens poussent les Arabes à la révolte contre l’empire Ottoman leur promettant une indépendance totale sur les territoires libérés du joug Ottoman.
A la fin de la 1re Guerre mondiale, l’Empire Ottoman se disloque. L’histoire du peuple d’Israël va s’écrire autrement.
Dès 1920, le Royaume-Uni obtient de la Société des nations un mandat sur la Palestine et vis-à-vis des Juifs tient promesse. La perspective d’un Etat juif commence par prendre forme surtout avec la constante immigration juive de Pologne, de Russie et d’Allemagne vers la Palestine. Les Arabes majoritaires dénoncent cet état de fait. Ils s’inquiètent moins des confrontations entre les deux communautés, juive et musulmane, mais davantage du plan méthodique d’occupation des sols mené par les Juifs. Les Arabes s’offusquent de l’implantation de structures quasi étatiques : Armée, radio, université système de santé, banques etc. et du silence coupable de la Société des nations qui ne prévoit rien pour les Palestiniens arabes sur ces mêmes terres. On faisait nettement la différence entre Palestiniens juifs et Palestiniens arabes majoritairement musulmans.
L’appel au secours du Premier Ministre britannique n’était finalement que la pièce manquante pour la concrétisation d’une idée qui a germé depuis la fin du 19e siècle dans la tête de certains Juifs, en l’occurrence le journaliste Theodor Herzl. C’est en 1880, dans une ambiance difficile en Europe que nait l’idée de regrouper les Juifs de la diaspora pour la fondation d’un foyer national juif en Palestine.
En 1882 à Saint Pétersbourg en Russie est créé le premier mouvement « Les Amants de Sion ». Ainsi naissent les premières vagues d’immigration vers la Palestine puis en 1897 à Bâle en Suisse se tient le 1er congrès du mouvement sioniste. Quelques années plus tard c’est à la déclaration de Balfour que les Juifs d’adossent pour, méthodiquement, organier la colonisation des terres en Palestine.
DS
A suivre
Créer un Etat en étouffant une autre Nation.